Angélique Louchart - SPST 19-24 : Un outil pour veiller au bien-être des dirigeants d’entreprise

Un outil pour veiller au bien-être des dirigeants d’entreprise

MANAGEMENT RH / QVT ||
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10/05/2023
Angélique Louchart  - SPST 19-24
Angélique Louchart
chargée de mission santé des dirigeants
SPST 19-24

Le Service de Prévention et de Santé au Travail de Corrèze Dordogne (SPST 19-24) a mis au point un outil de prévention à destination des dirigeants : Capital Santé Dirigeants. Il permet un accompagnement du chef d’entreprise vis-à-vis de sa santé physique et psychologique. Le SPST exhorte les dirigeants à oser demander de l’aide en cas de besoin.

Pourquoi avoir décidé d’élaborer ce dispositif ?
Depuis la loi du 2 aout 2021, qui vise à élargir la prise en charge des dirigeants d’entreprise vis-à-vis des services de prévention et santé au travail, nous avons réfléchi à mettre en place un projet avec une prestation spécifique pour les dirigeants d’entreprise. Notre première campagne de sensibilisation a été lancée en décembre 2022. Nous avons pensé le dispositif d’accompagnement d’une manière globale.

En quoi consiste l’outil Capital Santé Dirigeants ?
C’est avant tout un programme de prévention qui peut être mis au service des dirigeants. Il comporte plusieurs options et services pour veiller à la santé physique et psychologique du chef d’entreprise : coaching, sophrologie, hypno-thérapie, activité sportive etc. Bien-sûr, cela se fait en fonction des dirigeants concernés. Il y a autant de situations qu’il y a de dirigeants, donc autant de réponses différentes à apporter à une situation. Sans oublier que nous insistons aussi sur la prévention. Même quand ils vont bien, les dirigeants peuvent nous appeler pour renforcer leurs ressources.

En quoi votre dispositif se distingue des autres ?
Nous prenons également en compte le rapport existentiel du chef d’entreprise à son entreprise. On ne peut pas dissocier une entreprise de son dirigeant. C’est comme si c’était son bébé, s’il va bien, le chef va bien. On peut difficilement faire un accompagnement de santé alors que son entreprise va droit au dépôt de bilan. Il faut aussi l’aider sur les difficultés professionnelles : recrutement, trésorerie, confiance des salariés… Nous avons donc créé un partenariat avec l’association « Entraide et entrepreneurs », qui intervient en Nouvelle-Aquitaine. Près de 90 bénévoles, tous chefs d’entreprise ou anciens patrons, leur apportent leurs conseils. Ils connaissent toutes les difficultés que les dirigeants d’entreprise peuvent subir au quotidien.

À quelles problématiques font face les dirigeants ?
Ils connaissent plusieurs difficultés : surcharge de travail, difficultés de recrutement, baisse d’activité commerciale due au contexte économique etc. Aujourd’hui, la satisfaction de la clientèle, la bonne implication des équipes… toute la partie relationnelle autour de l’entreprise sont ce qui leur permettent de tenir bon.

Pourtant, très peu de patrons osent demander de l’aide ?
Nous couvrons la Dordogne et la Corrèze, qui comportent 150 000 salariés et 13 400 entreprises. Pour l’instant, nous avons évalué 377 dirigeants, effectué 120 dépistages de burn-out. Seuls 22 dirigeants sont actuellement accompagnés. Mais ce sont 22 chefs qui ont saisi la main tendue. Sur les 377 patrons, 220 avaient une balance positive, 157 en avaient une négative. Un dirigeant subit sa représentation sociale. Il ne peut pas être faible. En France, ce sont ceux qui ont le moins d’arrêts de travail et qui consomment le moins d’antidépresseurs. On voit bien qu’ils ont beaucoup de mal à demander de l’aide.