Gilles André - : « Quand vous avez identifié vos talents et vos appétences, ils deviennent vos forces »

« Quand vous avez identifié vos talents et vos appétences, ils deviennent vos forces »

|| Santé / Qualité de vie au travail
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02/06/2021
Gilles André  -
Gilles André
auteur de « 150 bonnes pratiques pour améliorer la QVT »

Gestionnaire d’un parc d’exposition pendant plus de 25 ans, Gilles André est à l’origine des Journées Professionnelles Bien-Être au travail, créées en 2012. Lors de ces événements, il a discuté et échangé avec des nombreux DRH, dirigeants et consultants. Il a décidé de compiler toutes les expériences intéressantes qu’il a entendues dans son ouvrage « 150 bonnes pratiques pour améliorer la QVT ». Entretien.

Que contient votre livre ?
Dans « 150 bonnes pratiques pour améliorer la QVT », je ne fais que transmettre des bonnes pratiques qui ont été partagées lors de nos journées professionnelles. Je ne les ai pas inventées, je les ai vu fonctionner dans des entreprises et des services publics. Ce sont des employés, des managers, des DRH qui sont venus en témoigner. On constate qu’il y a toujours des points communs entre les situations que l’on trouve dans les entreprises.

Je tiens à préciser qu’aucune de ces bonnes pratiques n’est déclinable chez tout le monde. Il n’y a pas de recette miracle. L’idée est de picorer, de s’inspirer, d’apprécier la diversité des solutions possibles, parce que tout dépend de l’activité et de la taille de l’entreprise, des personnes, de leur historique.

Au-delà d’un ouvrage, qu’avez-vous pu tirer de toutes vos rencontres avec ces experts en bien-être au travail ?
Ces gens-là m’ont transformé. Ils m’ont fait passer d’un management très 20ème siècle, avec un pilotage que je pensais être le bon, à une démarche plus attentive aux individus, à la confiance, qui permet aux salariés d’être dans leur domaine de réussite, dans l’autodétermination. Quand vous faites cela, vous vous rendez compte que l’entreprise fonctionne mieux, a de meilleurs résultats et le personnel s’y sent mieux et s’engage plus.
Mon travail aujourd’hui est d’accompagner les entreprises dans l’établissement d’un diagnostic de leur QVT. Il s’agit d’une démarche collaborative, les solutions sont mises en place avec les gens concernés. Et c’est ce qui fait que ça marche. Les évolutions mises en place sont issues des gens qui connaissent le métier, qui le pratiquent au quotidien.

C’est là qu’est la clé ?
Aux managers qui se disent « comment je peux améliorer la QVT dans mon entreprise ? », la réponse est toujours auprès des gens concernés par l’activité. Mais cela implique une grosse contrainte, une chose que nous ne savons pas assez faire : s’arrêter, se poser, prendre le temps de voir ce qui est bien dans ce que l’on fait, plutôt que de chercher à faire mieux ce que l’on fait mal.
En capitalisant sur les choses que l’on fait bien, celles où l’on a du plaisir, nous n’avons plus l’impression de travailler, nous sommes dans ce que l’on appelle « le flow ». Nous sommes alors capables de travailler en ayant du plaisir et en étant efficace. Cela peut sembler très simple mais nous ne savons pas bien le faire.

Pour vous, la crise sanitaire a joué un rôle dans la qualité de vie au travail.
La crise sanitaire vient mettre ce que j’ai dit précédemment, en exergue. Le constat est que dans les entreprises où l’on a permis aux gens de s’adapter, où les gens ont communiqué entre eux, il n’y a pas eu de gros problème, de renversement de situation, de catastrophe. Il y a même des entreprises où des salariés sur le terrain ont su trouver des solutions seuls et quand le management a su partager ces solutions, les salariés et les entreprises en sont tous ressortis grandis.
Cette crise nous a confirmé que les solutions se trouvent, bien sûr, dans les outils digitaux mais aussi et surtout dans l’écoute et la valorisation des solutions que trouvent les uns les autres parce qu’ils ont des envies et des talents. Si je veux être plus heureux dans ma vie professionnelle demain, il faut que j’identifie mes talents et que je les mette en œuvre. C’est le développement personnel. Dans mes ateliers, je propose l’exercice des TAF : Talent / Appétence / Force. Quand vous avez identifié vos talents et vos appétences : cela devient vos forces.

Et si nos talents ne correspondent pas aux désirs de l’entreprise ?
Si l’environnement ne nous correspond pas, on peut le quitter. Si nous sommes dans une entreprise qui communique, nous discutons, il y a peut-être un poste qui correspond ailleurs dans l’entreprise.
Il ne faut pas être dans une démarche de rapport de force. C’est fini les fiches de postes, il faut arrêter avec ça. Tous les métiers évoluent. Maintenant il faut avoir envie et être content de faire son métier.
Vous avez imaginé le management de demain, celui de 2030. Racontez-nous.
Je propose une remise en question du management. Le principe c’est qu’à partir du moment où je sais que je vais mieux dans mon boulot et que je suis plus performant dans des tâches qui correspondent à mes talents, si je décline cette méthode au niveau de tous mes salariés, quand je les mets tous dans leur zone de plaisir, de confort, j’obtiens des résultats, des performances à la hausse. Mais cela ne se fait pas en un jour. Ce qui compte c’est le résultat.
Oui, il y a un côté simpliste dans cet élan, sauf que les gens qui l’ont mis en œuvre - et qui m’ont permis de le découvrir – ont d’excellents résultats, et le prouvent.