Préventica 2014
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Conférence du mardi 3 décembre - ARTS ET METIERS PARITECH - Paris

Max Masse INTEFP
Anne Marie de Vaivre,
Vice-Présidente de l’Institut d’Audit Social
et Fondatrice du Cercle Entreprises et Santé, et du CLUB SUP SSQT AINF.

Santé, Sécurité et qualité de vie au travail :
un investissement rentable pour les entreprises

Bilan et perspectives

 

Considérer, et maintenant de façon large, la Sécurité Santé Qualité de vie au travail non plus comme une contrainte réglementaire, une dimension technique du facility management, ou une considération humaniste pour temps d’opulence, mais comme une dimension fondamentale de la valorisation du capital humain et de la stratégie des entreprises, y compris les plus petites. Cette évolution des mentalités est une réelle avancée pour toutes les organisations. D’ailleurs, nous œuvrons, tous les mois depuis 7 ans dans ce sens, au sein du Cercle Entreprises et Santé*, et depuis quelques années aussi en sensibilisant les futurs managers des masters de management des universités comme des écoles d’ingénieurs, au sein du CLUB SUP SSQT AINF**.

De façon de plus en plus large désormais, pour le management de la sécurité, santé et qualité de vie au travail, on est passé progressivement d’un raisonnement de « dépenses et coûts » à un raisonnement de « débusquage » de coûts cachés, puis à une maîtrise de « coûts évités », puis maintenant à un raisonnement en « domaine d’investissement » et investissement contribuant à la performance et à la valeur de l’entreprise.
Sous des angles d’attaque différents, et avec des expériences et des modes de management différents, c’est ce à quoi se sont attachés nos quatre intervenants du 3 décembre.


I. Les avis des différents intervenants

Quatre avis bien convergents sur l’impact économique et opérationnel des programmes de prévention, alors même que les périmètres et les profils de structures étaient fort différents.

• L’étude-action menée par l’OPPBTP et présentée par Alain Fraisse, Directeur Grand Sud de l’organisme, et pilote du programme, a montré qu’une attention précise et valorisée aux équipements comme aux comportements développés dans le secteur du BTP aboutit à un taux de retour supérieur à 2 pour les investissements choisis avec discernement. L’intervention d’Alain Fraisse montrait également la valeur fortement pédagogique pour la performance de l’accompagnement mené auprès des chefs d’entreprises et des techniciens lors de ces actions.

• Côté universitaire et recherche, Marc Lassagne, maître de conférences aux Arts et Métiers ParisTech, et chercheur au GRID, nous a montré, que malgré le relatif faible intérêt des chercheurs en France pour le sujet jusqu’à une période récente, les études et évaluations menées systématiquement par son équipe, en appui avec l’INRS, font état d’un retour sur investissement de l’ordre de x2. Les analyses précises menées sur certains métiers à forts risques de TMS, notamment dans les EHPAD, démontrent un impact positif des programmes de prévention, au niveau microéconomique des établissements – et aussi de leur fidélisation du personnel-, comme au niveau macroéconomique en coûts évités pour la collectivité.

• L’exemple d’AIR France, et des actions de fond menées par les équipes d’Alain Benlezar, responsable du programme Qualité de vie au travail, a permis de toucher du doigt le très fort effet de levier que peut avoir un tel programme, mené avec ténacité et doigté dans une grande entreprise prise dans la tourmente de la compétition mondiale, et engagée dans des PSE et des négociations sociales complexes. La préoccupation et la prise en compte continues des enjeux de sécurité, de santé et qualité de vie au travail, la prévention des risques psychosociaux, et plus largement la prévention collective des risques professionnels sont des facteurs de pacification et de visée de moyen/long terme, qui contribuent à garder l’entreprise et son capital humain en état de mieux traverser la crise et de mieux se reconstruire.

• La 4e intervention, de Michel Descazeaux, Administrateur de l’ICSI, membre du Cercle Entreprises et Santé, Directeur Corporate à GDFSUEZ, a conduit toute la politique et les programmes de Santé & Systèmes de Management après la fusion GDF et SUEZ. Les actions menées ont montré que dans de tels processus, l’investissement « Santé / Sécurité / Qualité de vie » est un véritable investissement, de long terme, qui contribue à construire une réelle culture de la prévention et de la maîtrise des risques. Bien intégrée aux politiques d’achats comme au management quotidien et stratégique des opérations, elles intègrent des visées « anticipation et maîtrise des risques », qu’il s’agisse de risques professionnels comme de risques industriels.


II. Les idées clés de la conférence

Trois idées majeures ressortent de cette conférence à l’issue des quatre présentations et des riches débats qui ont suivi :

1) La Sécurité santé qualité de vie au travail est bien entrée désormais dans un management « de visée », et non plus (seulement) de contraintes. A l’aube de 2014, - et 25 ans après la ‘grande’ directive européenne sur la question -, il semble bien que nos entreprises et organisations soient entrées dans une ère de « post-compliance », où l’on agit pro-activement pour la prévention des risques professionnels. Certes la recherche de mise en conformité à la réglementation a été et reste un moteur fort et nécessaire, mais nombre d’organisations ont bien perçu « l’effet levier » de la SST, au-delà de la seule recherche de conformité.

2) Dans le même esprit, une prise en compte effective, sur la durée, concertée, et concrétisée par de vrais investissements, en équipements, et en formation comme en refonte des processus et organisations, constitue un support puissant de transformation et d’adaptation collective, et ‘douce’, des organisations, des comportements et des compétences, dont on peut mesurer les effets positifs.

3) Dans tous les cas, - et même si cette dimension est plus difficilement mesurable directement -, l’intégration des dimensions Santé Sécurité Qualité de vie au travail au management stratégique et opérationnel est un créateur efficace de lien social et de dialogue, dialogue social, comme dialogue opérationnel


III. Les perspectives : ténacité, ambition, concertation

Les exemples réussis, et notamment ceux qui ont été présentés dans cette matinée (exemples de PME comme exemples de grandes entreprises) sont aussi ceux de responsables et d’opérateurs, spécialistes SST, et non-spécialistes, managers et opérateurs du quotidien, qui ont voulu et su construire des programmes et s’impliquer pour les faire réussir et mobiliser autour d’eux les énergies et vigilances nécessaires.
L’axe à creuser pour les plus petites entreprises et les organismes qui les appuient et les aident reste une mobilisation des PME et TPE, dans et au-delà de la conformité réglementaire, en conviction que la Sécurité Santé Qualité de vie de leurs équipes est vraiment un investissement rentable pour leur activité et leur avenir.

*www.cercle-entreprisesetsante.com / Cercle fondé en 2006 et rassemblant des entreprises préfigurantes en Politiques et Pratiques de Santé au Travail.
**www.association-ainf.com : cycle « Responsabilité Durable et Santé au Travail », en Nord PC-Picardie : depuis début 2011, près de 3000 participants à 26 conférences-échanges mixant professionnels et futurs managers, programme mené avec plus d’une vingtaine d’établissements d’enseignement supérieur.


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