Santé,
Sécurité et qualité de vie au travail
:
un investissement rentable pour les entreprises
Bilan et perspectives
Considérer, et maintenant de façon large, la Sécurité Santé
Qualité de vie au travail non plus comme une contrainte réglementaire,
une dimension technique du facility management, ou une considération
humaniste pour temps d’opulence, mais comme une dimension
fondamentale de la valorisation du capital humain
et de la stratégie des entreprises, y compris les plus petites.
Cette évolution des mentalités est une réelle avancée pour
toutes les organisations. D’ailleurs, nous œuvrons, tous les
mois depuis 7 ans dans ce sens, au sein du Cercle Entreprises
et Santé*, et depuis quelques années aussi en sensibilisant
les futurs managers des masters de management des universités
comme des écoles d’ingénieurs, au sein du CLUB SUP SSQT AINF**.
De façon de plus en plus large désormais, pour le management
de la sécurité, santé et qualité de vie au travail, on est
passé progressivement d’un raisonnement de « dépenses
et coûts » à un raisonnement de «
débusquage » de coûts cachés, puis à
une maîtrise de « coûts évités », puis maintenant
à un raisonnement en « domaine d’investissement » et
investissement contribuant à la performance et à la valeur
de l’entreprise.
Sous des angles d’attaque différents, et avec des expériences
et des modes de management différents, c’est ce à quoi se
sont attachés nos quatre intervenants du 3 décembre.
I. Les avis des différents intervenants
Quatre avis bien convergents sur l’impact économique
et opérationnel des programmes de prévention,
alors même que les périmètres et les profils
de structures étaient fort différents.
• L’étude-action menée par l’OPPBTP
et présentée par Alain Fraisse,
Directeur Grand Sud de l’organisme, et pilote du programme,
a montré qu’une attention précise et
valorisée aux équipements comme aux comportements
développés dans le secteur du BTP aboutit
à un taux de retour supérieur à
2 pour les investissements choisis avec discernement.
L’intervention d’Alain Fraisse montrait également
la valeur fortement pédagogique pour la performance
de l’accompagnement mené auprès des
chefs d’entreprises et des techniciens lors de ces
actions.
• Côté universitaire et recherche, Marc
Lassagne, maître de conférences aux
Arts et Métiers ParisTech, et chercheur
au GRID, nous a montré, que malgré le relatif
faible intérêt des chercheurs en France pour
le sujet jusqu’à une période récente,
les études et évaluations menées systématiquement
par son équipe, en appui avec l’INRS, font
état d’un retour sur investissement
de l’ordre de x2. Les analyses précises
menées sur certains métiers à forts
risques de TMS, notamment dans les EHPAD, démontrent
un impact positif des programmes de prévention, au
niveau microéconomique des établissements
– et aussi de leur fidélisation du personnel-,
comme au niveau macroéconomique en coûts évités
pour la collectivité.
• L’exemple d’AIR France,
et des actions de fond menées par les équipes
d’Alain Benlezar, responsable du
programme Qualité de vie au travail, a permis de
toucher du doigt le très fort effet
de levier que peut avoir un tel programme, mené avec
ténacité et doigté dans une grande
entreprise prise dans la tourmente de la compétition
mondiale, et engagée dans des PSE et des négociations
sociales complexes. La préoccupation et la prise
en compte continues des enjeux de sécurité,
de santé et qualité de vie au travail, la
prévention des risques psychosociaux, et plus largement
la prévention collective des risques professionnels
sont des facteurs de pacification et de visée de
moyen/long terme, qui contribuent à garder l’entreprise
et son capital humain en état de mieux traverser
la crise et de mieux se reconstruire.
• La 4e intervention, de Michel Descazeaux,
Administrateur de l’ICSI, membre du Cercle Entreprises
et Santé, Directeur Corporate à GDFSUEZ,
a conduit toute la politique et les programmes de Santé
& Systèmes de Management après la fusion
GDF et SUEZ. Les actions menées ont montré
que dans de tels processus, l’investissement «
Santé / Sécurité / Qualité de
vie » est un véritable investissement, de long
terme, qui contribue à construire une réelle
culture de la prévention et de la maîtrise
des risques. Bien intégrée aux politiques
d’achats comme au management quotidien et stratégique
des opérations, elles intègrent des
visées « anticipation et maîtrise des
risques », qu’il s’agisse de risques professionnels
comme de risques industriels.
II. Les idées clés
de la conférence
Trois idées majeures ressortent de cette conférence
à l’issue des quatre présentations et
des riches débats qui ont suivi :
1) La Sécurité santé qualité
de vie au travail est bien entrée désormais
dans un management « de visée »,
et non plus (seulement) de contraintes. A l’aube de
2014, - et 25 ans après la ‘grande’ directive
européenne sur la question -, il semble bien que
nos entreprises et organisations soient entrées dans
une ère de « post-compliance
», où l’on agit pro-activement pour la
prévention des risques professionnels. Certes la
recherche de mise en conformité à la réglementation
a été et reste un moteur fort et nécessaire,
mais nombre d’organisations ont bien perçu
« l’effet levier » de la SST, au-delà
de la seule recherche de conformité.
2) Dans le même esprit, une prise en compte
effective, sur la durée, concertée,
et concrétisée par de vrais investissements,
en équipements, et en formation comme en refonte
des processus et organisations, constitue un support
puissant de transformation et d’adaptation collective,
et ‘douce’, des organisations, des comportements
et des compétences, dont on peut mesurer les effets
positifs.
3) Dans tous les cas, - et même si cette dimension
est plus difficilement mesurable directement -, l’intégration
des dimensions Santé Sécurité Qualité
de vie au travail au management stratégique et opérationnel
est un créateur efficace de lien social et de dialogue,
dialogue social, comme dialogue opérationnel
III. Les perspectives : ténacité,
ambition, concertation
Les exemples réussis, et notamment ceux qui ont été
présentés dans cette matinée (exemples
de PME comme exemples de grandes entreprises) sont aussi ceux
de responsables et d’opérateurs, spécialistes
SST, et non-spécialistes, managers et opérateurs
du quotidien, qui ont voulu et su construire des programmes
et s’impliquer pour les faire réussir et mobiliser
autour d’eux les énergies et vigilances nécessaires.
L’axe à creuser pour les plus petites entreprises
et les organismes qui les appuient et les aident reste une
mobilisation des PME et TPE, dans et au-delà de la
conformité réglementaire, en conviction que
la Sécurité Santé Qualité de vie
de leurs équipes est vraiment un investissement rentable
pour leur activité et leur avenir.
*www.cercle-entreprisesetsante.com
/ Cercle fondé en 2006 et rassemblant des entreprises
préfigurantes en Politiques et Pratiques de Santé
au Travail.
**www.association-ainf.com
: cycle « Responsabilité Durable et Santé
au Travail », en Nord PC-Picardie : depuis début
2011, près de 3000 participants à 26 conférences-échanges
mixant professionnels et futurs managers, programme mené
avec plus d’une vingtaine d’établissements
d’enseignement supérieur.
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