Enseignants : préserver une santé fragilisée

Enseignants : préserver une santé fragilisée
DOSSIER
MANAGEMENT RH / QVT || Etat des lieux et prospective RH / 20/01/2023

Au quotidien, les enseignants font face à des problématiques qui peuvent compliquer leur mission. Si bien que leur santé, psychologique comme physique, peut être entamée. Alors que la profession manque parfois de reconnaissance, des accompagnements existent pour les soutenir dans l’expression de leur vocation

Une santé variable, un ressenti qui se détériore 

Contrairement aux idées reçues, les professeurs ont une santé plutôt bonne, dans les grandes lignes. C’est en tout cas ce que montrent les enquêtes sur le sujet. Déjà en 2013, une enquête représentative menée auprès des enseignants français écornait l’idée qu’ils allaient mal : une large majorité des enseignants se déclaraient alors satisfaits de leur métier et de leur qualité de vie.

Enseignement

Des éléments de réserve

Ainsi, selon le rapport annuel Énergies Jeunes, mené auprès de 3646 enseignants français, 82 % d’entre eux se sentaient satisfaits de leur santé en 2021. Pour autant, il est nécessaire d’apporter une nuance. Les indicateurs de satisfaction professionnelle apparaissent très détériorés en France. Seule la moitié des enseignants se dit d’accord ou tout à fait d’accord avec l’affirmation : « Dans l’ensemble, mon travail me donne satisfaction ». Le rapport annuel Énergies Jeunes dévoile une santé mentale en berne : 1 enseignant sur 2 ressent de l’anxiété, de la dépression ou du désespoir. Quand près de 9 enseignants sur 10 se disent insatisfaits de la valorisation du métier dans la société, de leurs possibilités d’évolution et de leur salaire, illustrant un cruel manque de reconnaissance.

Un métier, des risques

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Élément aggravant le quotidien des professeurs, l’enseignement est un métier qui présente des risques. Ils peuvent être de nature physique. Le contact direct avec les apprenants occasionne des comportements irrespectueux et des agressions verbales ou  physiques. Ainsi, selon des chiffres gouvernementaux,  les inspecteurs de l’éducation nationale  ont déclaré 2,8 incidents graves pour 1 000 écoliers au cours de l’année scolaire 2020-2021. Dans les écoles publiques, les enseignants sont impliqués comme victimes dans la moitié des incidents. Le rapport « Violence à l’école, Violence au travail » ensuite révélait en 2016 que 17 % des enseignants avaient été victimes de violence et que 40 % en ont été témoin. Dans le premier degré, les parents sont les principaux auteurs, les élèves dans le second.

Sans compter les troubles réels de la voix, des pathologies veineuses ou dorsales dues à une position debout fréquente et au piétinement, des risques chimiques, électriques ou biologiques et mêmes des risques de chutes.

Souffrance psychologique

L’enseignement présente surtout des risques psychologiques fréquents. Le métier peut être très stressant. S’y plonger de façon constante génère du stress de longue durée. Des effets somatiques et des problèmes psycho-sociaux surviennent alors : maladies cardio-vasculaires, troubles musculo-squelettiques, troubles gastro-intestinaux, états d’anxiété et dépressifs, consommation accrue d’alcool, fatigue, trouble du sommeil etc. Tous ces éléments peuvent causer le développement de forts sentiments d’infériorité et d’échec personnel chez l’enseignant. Ainsi, une enquête de SOS Éducation en juin 2004 montrait déjà que la profession était la plus touchée par l’épuisement professionnel.

Venir en aide aux professeurs

Aides

 

Concernant la santé mentale, le dernier Grenelle de l'Éducation a souligné les besoins des personnels enseignants en matière d'un meilleur accès à la prévention, aux soins et à la santé au travail. Ainsi, une nouvelle offre de services en matière de santé a été mise en place. Une convention de partenariat pour de nouvelles actions expérimentales a été signée le 7 janvier 2021 entre le ministère et la MGEN. Elle prévoit un appui dans l’accès aux soins, une offre de soins en santé mentale et le développement de la téléconsultation en santé au travail. Tous les personnels des académies concernées pourront en bénéficier.

Mesures de prévention

Des mesures préventives peuvent être prises par les établissements eux-mêmes. Elles sont d’abord techniques, pour protéger l’enseignant : améliorer les équipements, aménager un contrôle des accès, un sas d'entrée, un dispositif d'alarme et d'alerte pour plus de sécurité par exemple.
Ensuite, la surveillance médicale peut être accrue et ne pas seulement concerner les pathologies physiques mais dépister de manière anticipatrice les troubles liés au stress. Aussi, une procédure d'accompagnement et de prise en charge (psychologique, juridique) des profs victimes de violences doit être prévue.

Un meilleur soutien

Concernant la QVT des enseignants, il est crucial que ces derniers sentent un meilleur appui de l’équipe de travail, de la hiérarchie. Cela passe par une identification minutieuse des risques professionnels de l’établissement. Mais aussi par l’absence de déni et l’apport de réponses aux problématiques soulevées.

Car les mesures salvatrices seront organisationnelles. Elles sont souvent déterminantes dans la prévention des risques psychologiques. La qualité managériale dans les relations hiérarchiques, les rapports de pouvoir et la communication en adéquation avec les besoins et attentes des enseignants sont des facteurs antistress. L’enseignant doit savoir qu’il n’est pas seul. Un individu ou un groupe est motivé quand on lui fournit un feedback approprié et des objectifs clairs. L’enseignant a alors le sentiment que son travail est reconnu, compris et apprécié à sa juste valeur. De ce fait, le bien-être des professeurs dépendra des circonstances tout autant que des ressources et actions menées pour les soutenir, tant individuellement que collectivement.

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