La santé des dirigeants en question

La santé des dirigeants en question
DOSSIER
ORGANISATION DE LA PREVENTION || Management SST / 21/10/2022

Si la santé des dirigeants et entrepreneurs est plutôt bonne en France, des études montrent qu’ils sont eux aussi exposés à des risques physiques et psychologiques importants sur leur lieu de travail. Or, le bien-être des employeurs n’est pas à négliger, tant il influe sur celle de l’entreprise.

L’état de santé des dirigeants français

Notes

Nos patrons sont-ils en bonne santé ? Plusieurs institutions ont déjà tenté de répondre à cette question. Selon une étude de Malakoff Humanis, publiée en novembre 2021, 82 % des dirigeants de TPE / PME déclarent « être en bonne santé ».

Des nuances et fragilités    

Ces bons résultats doivent toutefois être pris avec précaution. Selon la même étude, ils sont en recul : 86 % s’estimaient bien portant deux ans plus tôt. Les chiffres varient également d’un rapport à l’autre. En 2020, une enquête de l’AIPALS, le service de santé au travail du grand Montpellier, alertait sur l’état de santé mental des dirigeants sondés (256 au total). Au moins 40 % se décrivaient comme « isolés » et 90 % se déclaraient « stressés ».

De mauvais chiffres uniquement dus à un effet Covid-19 ? Rien n’est moins sûr. Avant la pandémie, la Revue française de gestion affirmait que 17,5 % des responsables de PME étaient déjà menacés d’épuisement professionnel. Sans oublier les résultats de l’enquête menée par l’AGESTRA et l’association Grand Est Santé Travail sur la santé mentale de 950 dirigeants publiée en septembre 2021 : près de 50 % des répondants se disaient en « moins bonne santé » qu'avant la crise sanitaire.

Un dirigeant en bonne santé pour une entreprise prospère

Dirigent et collaborateur

 

Les patrons et travailleurs non-salariés ont tout de même été touchés par la crise de la Covid-19. Les chefs d’entreprise ont été d’autant plus fragilisés et inquiétés par l’arrêt de leur activité.

Définition

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Nous précisons ainsi, par ce rappel, que la santé d’un dirigeant d’entreprise ou entrepreneur est aussi liée à son état psychologique. Celui-ci change en raison de la pression causée par son statut.

L’impact de la santé du dirigeant sur l’entreprise    

Les menaces sur sa santé sont effectivement inhérentes à son poste. Un dirigeant travaille 54 heures par semaine en moyenne et prend moins de 10 jours de congés par an (TGS France / Harmonie Mutuelle / ViaVoice, 2019). Un rythme soutenu qui le fragilise directement.

Diverses études en ont attesté méthodiquement, cette cadence peut déstabiliser toute l’entreprise. Notamment une vaste enquête menée par Harmonie mutuelle, Soregor et Viavoice santé en Pays de la Loire publiée en 2017. Les résultats montraient qu’un trop grand nombre d’heures travaillées pour le dirigeant devenait « contre-productif » passé un certain point. La « possibilité de s’absenter en cas de problème de santé » est décrite comme « facteur de performance », quand de faibles congés et temps de sommeil défavorisent la productivité et la prise de décision.

Un dirigeant d’entreprise encourt aussi un risque mental. Trop se remettre en question entraîne un surplus d’exigences émotionnelles. Ce sont ces perceptions subjectives - sentiment d’incapacité ou de dépersonnalisation - qui peuvent causer du stress et mener jusqu’au burn-out. (AISMT) Ce mal être peut aussi entraîner un défaut de communication avec ses équipes, égratigner son image auprès des collègues et ainsi l’isoler. Des solutions existent cependant. L’employeur peut identifier des hommes de confiance, favoriser la concertation et même déléguer pour éviter ce surmenage.

Des structures vers qui se tourner

Aides aux dirigents

Un employeur ou un entrepreneur a donc d’énormes responsabilités. S’il n’a pas de soutien direct pour les assumer, il peut quérir de l’aide auprès de diverses entités.

Point juridique  

Malgré cette charge lourde à porter, peu de textes de loi sont dédiés précisément à la santé des employeurs français. Il a fallu attendre la loi du 2 août 2021 pour renforcer la prévention en santé au travail et pour que l’état de santé des « travailleurs indépendants » et « chefs d’entreprise » soit pris en compte (Articles L 4621-3 et L 4621-4).

Les professionnels et associations en soutien

Des associations ont pris le relais pour épauler et accompagner les dirigeants en difficulté (aussi bien physique, mentale, qu’économique). C’est le cas de SOS Entrepreneurs ou Credir par exemple, qui propose des ateliers ou des groupes de parole pour aider les entrepreneurs à prévenir ou sortir du burn-out.

L’Observatoire Amarok de son côté fédère des chercheurs qui étudient les liens entre la santé de l’entreprise et celle de son dirigeant. L’association de professionnels a créé la Cellule de Coordination et d’Accompagnement, qui vient en aide aux commerçants, artisans, professions libérales et exploitants agricoles ayant vécu un événement traumatique. L’association Apesa France propose des services pour soutenir les chefs d’entreprise « en souffrance aiguë » (formations, fiche alerte, séances psychologiques).

Hors cadre associatif, les employeurs ont plusieurs options pour trouver de l’aide, mais n’en ont pas toujours conscience. Ainsi, la Chambre de Commerce et de l’Industrie a dédié une page sur son site pour lister les entités capables de fournir une écoute ou une aide aux dirigeants en ressentant le besoin. Sans oublier les SPSTI (Services de Prévention et de Santé au Travail Interentreprises) qui interviennent pour préserver la santé des travailleurs. Mais encore faudrait-il que les patrons songent à ces options. Selon l’enquête de l’AGESTRA, seuls 17 % des dirigeants interrogés ont pensé à les solliciter pour trouver de l’aide.

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