Comment anticiper et prévenir les risques dans les opérations de construction : l'exemple d'un projet mené par une collectivité territoriale

L’exemple du Collège Jacques Durand à Puylaurens (Tarn)

Comment anticiper et prévenir les risques dans les opérations de construction : l'exemple d'un projet mené par une collectivité territoriale
DOSSIER
ORGANISATION DE LA PREVENTION || Management SST / 03/09/2015

La prévention des risques lors des travaux de bâtiment ou de génie civil est d’autant plus complexe que plusieurs entreprises sont appelées à intervenir sur un même chantier. C’est pourquoi le Code du travail exige que les Maîtres d’ouvrage se fassent accompagner par un coordonnateur de sécurité ou coordinateur SPS (Sécurité et Protection de la Santé). Un contrat précise le contenu de la mission confiée au coordonnateur, les moyens mis à sa disposition et l’autorité qui lui est confiée vis-à-vis des différents intervenants. Le principal objectif est de prévenir les risques résultant de leurs interventions (simultanées ou successives) et de promouvoir l'utilisation des moyens communs. Son rôle est donc primordial mais il est souvent mandaté lors de la phase d’avant-projet sommaire alors que le projet est déjà bien avancé, voire le permis de construire déjà déposé !
Or il est évident que lorsqu’un maximum des aspects liés à la sécurité et à la prévention sont anticipés, ils sont plus facilement intégrés au projet et reviennent moins cher au Maître d’ouvrage. C’est l’intérêt de l’expérience originale menée lors de l’extension du Collège Jacques Durand : le coordinateur SPS a été désigné lors de la phase concours, dès la constitution de la commission technique, permettant d’amorcer un dialogue constructif et mobilisateur pour tous les acteurs.


Intégrer la sécurité dès l’avant-projet : le choix du Département du Tarn

Le Département du Tarn gère un patrimoine bâti important : 300 000 m2, correspondant à 160 unités immobilières, parmi lesquels les collèges publics, mais aussi des musées, des centres d’exploitation et des bâtiments tertiaires. Il s’agit d’un patrimoine varié, qui est en mutation permanente selon les besoins de la collectivité. Des opérations doivent donc être régulièrement menées en maintenance, restructuration, extension ou construction.

A Puylaurens, le Collège Jacques Durand nécessitait une extension conséquente, afin d’adapter sa capacité d’accueil au nombre grandissant d’élèves dans son secteur de recrutement.  Comme l’explique Franck Barthélémy, Directeur des Bâtiments du département du Tarn, « la sécurité étant au cœur des préoccupations du département, sur un projet comme celui-ci, nous nous devons d’être exemplaires et très exigeants, aussi bien en ce qui concerne la sécurité des usagers (élèves, enseignants, personnels administratifs…) que celle de nos collègues agents qui oeuvrent pour l’entretien et la maintenance, et que celle des entreprises qui interviennent pour notre compte durant la phase de chantier puis pendant l’exploitation. »

Lorsque la SEM 81, le maître d’ouvrage délégué sur ce projet a proposé d’expérimenter la désignation d’un coordonnateur SPS très en amont du projet, l’idée a été jugée très intéressante et conforme avec ces objectifs. C’est ainsi qu’Arnaud Doumeng a été nommé dès la phase concours : « Habituellement, j’interviens au moment de la consultation des entreprises, voire au moment où le chantier démarre ! Sur ce projet, j’ai pu participer à l’analyse des offres de maîtrise d’œuvre, avant même que celle-ci ne soit choisie. J’ai également été sollicité sur les grandes problématiques liées à l’organisation du chantier » détaille-t-il.

L’architecte a ensuite été sélectionné, avec non seulement une prise en compte des qualités esthétiques et fonctionnelles du projet, mais aussi de sa réponse quant aux dispositions prévues pour assurer la sécurité des personnes en phase chantier et lors des interventions ultérieures sur l’ouvrage.


Anticiper les enjeux d’entretien des bâtiments

L’entretien ultérieur de tels bâtiments représente un enjeu majeur pour le Conseil Départemental. A titre d’exemple, sur certains bâtiments l’accès pour nettoyage aux parois vitrées des murs rideaux est impossible, aucun équipement spécifique n’ayant été prévu lors de la construction. L’objectif était  donc d’anticiper la réflexion sur ce type de problématiques en phase conception, afin de les éviter lors de l’exploitation.

C’est pourquoi un cahier de prescriptions environnementales a été intégré dans le dossier de consultation des concepteurs afin de mettre en avant les exigences de la maîtrise d’ouvrage en termes de :

  • prévention des risques sur le chantier,
  • facilité d’entretien et de maintenance des bâtiments,
  • réduction des nuisances.

C’est sur cette base qu’un débat constructif a pu s’engager au sein de l’ensemble de l’équipe projet : maître d’ouvrage, maître d’ouvrage délégué, cabinet d’architecture et coordonnateur SPS, et ce pendant toute la durée des études. Frédéric Bonnet, chargé d’opération pour la SEM81 précise : « L’architecte s’est montré très à l’écoute de nos exigences. Nous avons trouvé ensemble les solutions adaptées en impliquant fortement le coordonnateur SPS dès le départ. Nous avons ainsi décidé de modifier certains aspects esthétiques du bâtiment comme la suppression des lames bois au profit de lames métalliques moins fragiles. Certaines menuiseries ont été modifiées pour en faciliter l’entretien et la répartition des équipements sur les toitures a été rationnalisée pour une meilleure protection lors des travaux en hauteur».


Mobiliser tous les acteurs autour de la Sécurité

La CARSAT Midi-Pyrénées a pleinement joué son rôle de conseil et de sensibilisation : Eric Bouschbacher, contrôleur de sécurité avait analysé la difficulté de fédérer les acteurs sur la sécurité si celle-ci n’était pas prise en compte suffisamment en amont : elle devient alors une contrainte, source de luttes de pouvoir et de conflits. Au contraire selon lui, avec ce mode de fonctionnement, « tout le monde y gagne. Le coordonnateur n’arrive pas alors que les décisions et les grands arbitrages sont faits, il peut expliciter en amont l’intérêt de tel ou tel choix technique. Le client peut choisir les bons compromis techniques et architecturaux en toute connaissance de cause. »

Enfin la mission de l’architecte, Christian Lalucca, s’en est trouvée facilitée : « Le travail et les échanges sont simplifiés. Cette démarche permet de trouver les réponses adaptées. Loin de créer un obstacle, elle devient un atout et devrait être généralisée». Ce vœu devrait être exaucé puisque le Département vient de lancer une autre opération avec la même méthodologie.

 

A propos du Département du Tarn :

Deuxième département de Midi-Pyrénées, le département du Tarn regroupe presque 175 00 habitants. Collèges, transport scolaire, développement économique, agriculture, tourisme, solidarité, insertion et aides aux personnes âgées : les domaines de compétence du Département sont vastes mais ils respectent tous un même objectif : être au cœur des préoccupations des Tarnais. Le Département développe des politiques volontaristes en faveur de tout le Tarn, des grandes villes comme Albi ou Castres aux plus petites communes.

A propos de la SEM 81 :

La SEM 81 est une société anonyme de droit privé, au service de l'intérêt général. Elle intervient dans l'élaboration, la réalisation et la gestion des projets d'aménagement, de construction et de développement économique. Sur le projet de réaménagement du collège de Puylaurens, la SEM 81 est le maître d’ouvrage délégué pour le compte du Département.

 

PARTAGEZ :