Raoul CELLI - RESEAU OMERIS (EHPAD) : EHPAD : des risques professionnels très présents

EHPAD : des risques professionnels très présents

|| Etablissements de santé
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21/01/2013
Raoul CELLI - RESEAU OMERIS (EHPAD)
Raoul CELLI
Directeur Hygiène Sécurité et Patrimoine
RESEAU OMERIS (EHPAD)
Le réseau Oméris représente 18 établissements en France, environ 1400 résidents et près de 900 salariés. Gros plan sur un environnement où les missions de santé et sécurité sont très diverses.

Quelles sont exactement vos missions au sein du Réseau Oméris ?
J’ai la responsabilité de tout ce qui concerne l’hygiène hôtelière, la sécurité des personnels et des résidents et l’entretien des bâtiments. Mission qui intègre donc la prévention des risques liés aux conditions de travail, la prévention de la santé des salariés, la sécurité incendie, l’hygiène collective, la maintenance et la surveillance des différents réseaux fluides et énergétiques ainsi que la maintenance des bâtiments.

Vous avez engagé un important travail d’audit avec la CARSAT Rhône Alpes, en quoi consiste exactement ce projet ?
Nous avons engagé une étude sur 12 établissements et travaillons sur une grille d’évaluation du système SST établie par l’INRS et les CARSAT. Ce projet a pour objectif de faire partager par les salariés ce qui est fait sur ce thème par leur établissement. C’est un travail de longue haleine mais qui devrait nous permettre d’avoir une vision plus claire des risques professionnels perçus par les salariés et des actions à mettre en place. Cette analyse devra bien sûr être corrélée avec les statistiques AT/MP que nous réalisons pour chaque établissement.
Cela permet aussi de montrer aux salariés que nous nous préoccupons de leur qualité de vie au travail. Salariés et direction, nous avons tout à gagner si la sécurité et la santé de nos personnels est préservée mais ce message passe par une compréhension réciproque.

Quels sont les principaux risques professionnels auxquels sont exposés les salariés d’un EHPAD ?
Dans le domaine des maladies professionnelles, ce sont les TMS, liés aux activités de manutention de personnes ou de charges, par exemple sacs de linge, cartons, matériel d’incontinence… Nous avons mis en place des systèmes d’aide à la manutention tels que des verticalisateurs qui ont été choisis par les soignants eux-mêmes. Nous utilisons également des draps de glisse ou anti-glisse, des systèmes de transfert, tout cela pour éviter la survenue de lombalgies, de douleurs endogènes. Même si l’on a 25 ans et que l’on se sent en pleine forme, il faut apprendre dès maintenant à préserver sa santé car nous devrons travailler en forme longtemps…

Ensuite, nous portons une attention particulière à un autre risque majeur dans nos établissements : le risque de chute de plein pied, que ce soit dans les escaliers ou suite à une glissade sur un sol plat.
On peut aussi citer le risque d’accident d’exposition au sang, le risque lié à la manipulation de produits dangereux (corrosifs), … les sujets ne manquent pas.
La sensibilisation de nos personnels à ces risques passe par une répétition régulière des  messages de prévention sur le port indispensable des EPI, sur les gestes et postures à adopter, sur le respect des procédures d’hygiène….

Les risques psychosociaux sont très présents dans les établissements de santé, avez-vous engagé des actions particulières dans ce domaine ?
Pas directement mais nous avons un cycle de formation à la bientraitance. Nous avons pour objectif avec ces formations de faire disparaître tout acte de maltraitance. Pour cela, le personnel doit pouvoir appréhender les situations les plus difficiles. Nos salariés font face à des événements générant une pression psychologique éprouvante. Ces formations permettent de mieux comprendre certaines situations et donc de les accepter plus facilement. Elles améliorent leur relation avec le résident et sa famille.

Nous accompagnons aussi les soignants sur des thèmes tels que la prise en charge de la maladie d’Alzheimer, les soins palliatifs ou l’accompagnement de fin de vie. Le fait de savoir comment gérer ces événements particuliers leur permet de diminuer considérablement leur niveau de stress mais également, de pouvoir faire face avec sang froid à d’éventuelles situations d’agression. Les groupes de parole permettent également d’échanger avec la psychologue sur des situations douloureuses. Ainsi, sans parler directement de risques psychosociaux, nous y travaillons tous les jours.

En ce qui concerne la sécurité, quelles sont les problématiques qui sont prioritaires dans votre mission ?
Il y en a beaucoup mais je citerais en premier le risque incendie. On a tous en tête un dramatique incendie dans une maison de retraite ayant coûté la vie à un ou plusieurs pensionnaires. Nous sommes donc très vigilants sur la performance de nos systèmes de sécurité incendie (SSI). Et nous avons une politique de formation systématique de tous nos personnels pour leur apprendre à bien réagir en cas de déclenchement d’alerte : comment effectuer correctement une levée de doute, comment éteindre un début d’incendie, circonscrire une zone de feu et évacuer les personnes en sécurité. Tous ces gestes doivent devenir des réflexes et nous organisons régulièrement des exercices de levées de doute, d’évacuation (chaque fois que possible avec les sapeurs-pompiers) et d’utilisation des moyens de secours (extincteurs).

Ensuite, nous sommes particulièrement attentifs à la qualité et l’entretien de nos réseaux d’eau chaude et de climatisation, pour éviter le risque de légionellose toujours dangereux dans nos établissements.

Enfin, nous avons engagé depuis plusieurs années une politique de rénovation de nos établissements qui datent pour les premiers des années 90 : mise en conformité des ascenseurs, amélioration des circulations dans les bâtiments, respect de la norme RABC afin de bien séparer le circuit linge propre/ linge sale…

Je gère également tout ce qui concerne la sécurité de nos résidents et se pose, pour des personnes âgées, de plus en plus le problème de la prévention des fugues. Nous travaillons donc sur tout ce qui concerne le contrôle d’accès et expérimentons par ailleurs dans certains de nos établissements un bracelet anti-fugue avec système de géolocalisation.