Les conjoints d'artisans du bâtiment n'échappent pas au stress

artisan stress
MANAGEMENT RH / QVT || RPS / Incivilité / Santé mentale
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18/04/2016

Selon une étude menée par la CAPEB, les conjoints d’artisan sont plus stressés que les chefs d'entreprises artisanales eux-mêmes.


La CAPEB et le pôle d’innovation IRIS-ST ont réalisé la 1ère enquête sur les conditions de travail et l’état de santé des conjoint(e)s d’artisan du Bâtiment. Ce baromètre national vise à mieux cerner l’impact de l’activité artisanale sur les conjoint(e)s d’artisan, qui participent pour la majorité à la vie de l’entreprise. À la hauteur de leur implication dans la vie de l’entreprise, les conjoint(e)s d’artisan, en véritables alliés, ne sont pas moins épargnés par le stress – à la défaveur de leur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle.
 
Mesurer l’impact des contraintes liées à l’activité sur la santé des conjoint(e)s d’artisan
Cette première édition de l’enquête livre une photographie étayée des conditions de travail et de l’état de santé des conjoint(e)s d’artisan du Bâtiment. L’enquête touche à un certain nombre de thématiques identifiées en lien avec l’impact du stress sur la santé, basé sur ses origines, les facteurs protecteurs, et rapporté au rythme de travail ou encore à l’équilibre entre vie-professionnelle et vie personnelle. Le bilan est sans appel : fortement impliqués dans la vie de l’entreprise, les conjoint(e)s d’artisan du Bâtiment sont soumis au stress et à une fatigue accrus.
 
Des périodes de stress fréquentes pour plus d’un conjoint(e) sur deux
Bien que l’activité d’entreprise a progressé pour 40% des conjoint(e)s d’artisan, ces derniers ont du mal à se projeter (40%) ou se sentent pessimistes pour l’avenir de leur entreprise (34%). La crise pèse sur les entreprises artisanales du Bâtiment et cristallise les inquiétudes. Interrogés, les conjoint(e)s d’artisan sont plus de la moitié (55%) à se sentir souvent stressé(e)s, un chiffre légèrement supérieur à celui des chefs d’entreprises artisanales du BTP en 2015 (53%)*. Le stress ressenti augmente ainsi avec la charge de travail et croît si une personne de la famille est présente dans l’entreprise (62%).
Si le stress léger et passager est tout à fait surmontable - voire moteur, les périodes prolongées de stress ressenties par les artisans et leurs conjoint(e)s ont un tout autre impact sur le bien-être mental et physique et peuvent avoir de réelles répercutions lorsqu’il devient chronique.
 
De multiples facteurs sources de stress pour le conjoint
Le facteur de stress prédominant pour les conjoint(e)s du Bâtiment est le poids de l’administratif et des contraintes réglementaires pour plus d’un conjoint sur deux (57%). En effet, le conjoint d’artisan occupe souvent une fonction « support », intervenant bien souvent en premier lieu sur le traitement des tâches administratives, le suivi des dossiers et le respect des réglementations. Des contraintes qui pèsent également sur les épaules des chefs d’entreprises artisanales (54%).
En second lieu, le stress de l’artisan, communicatif, devient générateur de stress pour 54% des conjoint(e)s. Le sentiment d’insécurité est également partagé. Il est dû à un manque de visibilité sur l’avenir, une préoccupation prégnante pour le conjoint(e) d’artisan (54%), devant les difficultés de trésorerie (50%).
Particulièrement important dans le secteur des TPE et de l’artisanat, le déséquilibre entre vie personnelle et professionnelle et ses répercussions sont aussi source d’anxiété pour les conjoint(e)s (49%), ainsi que le fait de devoir assumer en parallèle les responsabilités familiales et professionnelles (36%). Enfin, la charge de travail (24%) et les interruptions à répétition (20%) ajoutent à l’inconfort ressenti quotidiennement.
 
Un équilibre difficile entre vie professionnelle et vie personnelle
Alors que près de deux conjoint(e)s sur trois (62%) travaillent tous les jours de la semaine dans l’entreprise, ils conservent un rythme de travail moindre que leur moitié (58% des dirigeants de TPE du Bâtiment travaillent plus de 50 heures par semaine contre seulement 6%** des conjoint(e)s). Pourtant, un conjoint sur trois travaille le weekend (33% déclarent travailler 6 à 7 jours par semaine). Ils assurent pour beaucoup les responsabilités familiales en parallèle et même pour un quart d’entre eux, une autre activité professionnelle (26% des répondants).
Ce rythme soutenu crée un déséquilibre qui donne aux conjoint(e)s le sentiment de ne pas être assez disponibles pour leur famille et leur entourage (48%). Ils sont seulement 28% à s’accorder des sorties avec leur conjoint(e) et seulement 29% à s’accorder des sorties en famille.
Les dirigeants d’entreprise artisanale mesurent le soutien que leur apporte leur conjoint(e) au quotidien (66%). Un investissement souvent moins bien vécu par l’entourage proche, qui reproche à 31% des conjoints de ne pas être suffisamment disponibles.